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Sciences humaines & sociales
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« Alors, voilà, c'est fini. Je suis assise à l'arrière du taxi, nuit noire, fenêtres ouvertes au vent. La voiture file vers l'aéroport, un épais silence à ses trousses. Dehors, les rues sont désertes, les réverbères évanouis. Le nez collé à la vitre, je photographie du regard ce Téhéran que j'ai appris à aimer et qui se dérobe à nouveau. Au détour d'un carrefour, le chauffeur ralentit. Dans la pénombre, il slalome prudemment entre les poubelles calcinées, les carcasses de voiture incendiées. Derniers clichés d'une ville à l'agonie. Dans un frisson, je me dis que bientôt, il n'y aura plus de témoin pour raconter. Sous mon foulard, je me surprends à trembler, entre peur et tristesse. Tout en moi se révolte contre le tour que prend l'histoire iranienne, mon histoire. » Téhéran, été 2009. En pleine répression des manifestations postélectorales, Delphine Minoui quitte précipitamment l'Iran. Quand lui revient le courage d'écrire, c'est avec une plume remarquable qu'elle raconte son quotidien sous la forme d'une lettre à son grand-père, livrant un témoignage poétique et bouleversant sur l'Histoire de l'Iran contemporain. Au fil de cette missive, se dessine une contrée à la fois rêvée et redoutée, tiraillée entre ouverture et repli sur elle-même. Le regard d'une journaliste sur le pays de ses ancêtres se mue progressivement en un parcours identitaire.
Un récit autobiographique, reportage-pèlerinage d'une des rares femmes occidentales à avoir vécu au plus près de cette société iranienne, laquelle n'avait encore jamais été décrite avec tant de beauté et d'émotion.
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Comment devient-on journaliste quand on est une enfant timide ? Peut-on être reporter de guerre quand on ne supporte ni la vue du sang, ni les avions ? Pourquoi persister à rester au coeur de ce Moyen-Orient compliqué quand, à l'inverse, tout le monde cherche à partir ? Quelles histoires raconter pour tordre le cou aux clichés ? Bienvenue dans les coulisses du journalisme de terrain au long cours, loin des stéréotypes du reporter en gilet multipoche et bottes rangers, et à des années-lumière de l'infox dans l'air du temps.
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Pendant 42 ans, la Libye a vécu derrière un écran noir et silencieux. De ce pays à cheval entre Orient et Afrique, on ne connaît presque rien - à part les discours fantasques de son guide déchu, Mouamar Kadhafi, autocrate aux allures d'Ubu roi. Soudain, le 15 février dernier, la rue s'est éveillée.
Alors que la plupart des média se pressent à l'Est du pays, Delphine Minoui fait partie des rares journalistes accrédités par les autorités de Tripoli. Sous l'oeil permanent des caméras du pouvoir, ils sont confinés à l'hôtel Rixos, un cinq étoiles au coeur de la capitale. Leurs sorties sont limitées aux voyages organisés. Le régime veut leur montrer la vérité - c'est-à-dire : sa vérité.
Ce voyage surréaliste, comique parfois si ce n'était pas aussi une tragédie humaine, offre une vision inédite de la guerre en Libye. Où sont passées les victimes de la répression ? Pourquoi les blessés ont-ils disparu des hôpitaux ? Pourquoi les tombes des martyrs des frappes de l'OTAN sont-elles vides au cimetière ? Les journalistes sont-ils en train de devenir des boucliers humains ? Qui faut-il croire dans ce huis-clos libyen qui va durer six semaines ?
Dans une atmosphère d'espionnage qui tient plus de Graham Greene que du reportage de guerre, ce récit nous fait entrer dans l'envers du décor. -